Avec son rock’ n’ roll inspiré, massif et rafraîchissant, le premier album de Mammoth WVH, distingué par un Qobuzissime, aura fait tourner beaucoup de têtes. Le groupe revient aujourd’hui avec le galvanisant “Mammoth II,” rassemblant les inspirations rock 70′s, grunge, AOR ou encore pop de son leader Wolfgang Van Halen. Le fils d’Eddie s’affirme et semble déterminé à s’emparer des plus grandes arenas. On en parle avec lui.

On vous connaissait déjà avant, vous aviez tourné avec Van Halen, Tremonti, mais quand même, ouvrir pour Metallica avec un seul album en poche. Peu l’on fait.

Wolfgang Van Halen : Vous me croyez si je vous dis que j’étais nerveux ? (rires) Surtout qu’ils n’ont pas une scénographie commune, donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre. C’était un honneur d’ouvrir pour ces mecs. Savoir qu’ils voient du mérite dans ce que je fais est incroyable.

Vous aviez pris plusieurs années pour concevoir le premier album, alors que Mammoth II a été fait en quelques mois, entre les tournées, etc…

Je crois que le fait de partir en tournée et de voir la réaction des gens et de mes pairs face à ma musique m’a libéré d’un poids. Je pars d’un postulat simple : la musique c’est toute ma vie. C’est incroyable de pouvoir faire ce que je fais. Je ne veux plus perdre de temps à me poser des questions.

Mammoth WVH: Epiphany (Official Video)

Mammoth WVH

Avez-vous envisagé de faire cet album avec votre groupe de tournée ? De partir sur un effort de groupe ?

Absolument pas (sourire). J’ai juste mon producteur et un ingénieur du son, en plus de quelques personnes qui m’aident. J’ai à nouveau tout enregistré moi-même. Mon producteur, Elvis (ndlr : Michael « Elvis » Baskette), est comme un frère. Il me connait mieux que personne, il sait ce que je recherche et arrive à me guider.

Il avait déjà œuvré sur le premier album, et il arrive à faire mieux sur celui-ci, votre son est assez fou sur Mammoth II.

Elvis est le meilleur, point à la ligne. Il n’essaie jamais de m’emmener dans une direction ou une autre, il va se mettre au service de la chanson et s’impliquer tout autant que moi pour la faire briller. C’est une relation basée sur une confiance extrême. Je ne me verrais pas travailler avec quelqu’un d’autre.

On ressent une cohérence resserrée sur l’ensemble du disque.

Le premier était plus éparpillé. J’ai enregistré beaucoup plus rapidement. Sur le premier album, dites-vous qu’il y avait trois ans d’enregistrement derrière. Là, on a tout fait en deux mois environ. Je pense que Mammoth II a gagné en cohésion par rapport à son prédécesseur, mais c’est aussi un album bien moins « anxieux ». Je n’aurais pas pu faire Better Than You sur le premier, par exemple.

C’est un sacré morceau en effet, presque sept minutes au compteur.

C’était un de ces moments où je voulais me laisser aller à l’écriture, sans penser à autre chose. Je crois que le solo dure une minute trente, quelque chose comme ça (rires). Il a influencé tout le reste du morceau, mais l’élan d’inspiration que j’y ai mis valait le coup. Je ne me demande plus si c’est trop court, trop long, je me suis éclaté c’est le principal (sourire).

Mammoth WVH - I'm Alright (Official Music Video)

Mammoth WVH

Même au niveau du chant, c’est très différent de vos autres morceaux.

J’ai toujours axé mes textes sur les relations entre les gens, et je voulais que Better Than You soit une réaction émotionnelle sur la manière qu’ont les gens de pouvoir communiquer entre eux. J’écris en réaction à ce que je vois, vis et constate.

Lorsque vous écrivez, vous vous surprenez à partir dans des directions inattendues ou vous restez quand même toujours proche de vos influences ? Le riff de Like A Pastime fait très 80′s par exemple ! The Cure aurait pu arriver avec quelque chose de ce style, différemment hein, mais quand même !

(rires) Oui, je vois ce que vous voulez dire. J’adore le riff de ce morceau, il a été l’un des déclencheurs qui m’ont permis de dire que je n’avais pas à me fixer de limites. C’est arrivé comme ça, et ça marchait. Figurez-vous qu’il y a d’autres titres qui avaient des vibrations assez différentes, comme Like A Pastime que j’ai dû laisser de côté.

Manque de temps ?

Exactement, mais je compte bien y revenir. Elles me trottent toujours dans la tête, cela doit être un bon signe non ? (sourire) C’est mieux qu’une panne d’inspiration.

Le côté agressif de Right? est très surprenant aussi.

J’aime l’idée de devoir faire exister une mélodie au sein d’une structure résolument agressive. Il s’avère que j’avais besoin d’avoir des morceaux pour laisser s’exprimer mes influences heavy. Je ne voulais pas le faire au détriment de la mélodie, et celle de Right? est particulièrement forte. Je crois qu’il faut savoir faire co-exister ces deux aspects. Tu peux être heavy sans dénigrer le reste.

Vous écoutez de la musique lors des périodes de composition et d’enregistrement ?

Dans une certaine mesure oui, mais ce n’est pas la rigueur d’écoute habituelle. Je pense que lorsque vous êtes dans une période de « travail », il faut se concentrer uniquement sur cela. La pause doit être une respiration, pas une extension.

Vous vous appliquez une discipline dans ces périodes ? Du type : « de telle heure à telle heure je fais ça, de telle à heure à telle heure je fais chose » ?

(sourire) J’ai trop tendance à le faire oui. Cela va plus s’exprimer par « périodes », si je sens un élan créatif, je vais m’enfermer dedans avec Elvis Baskette et croyez-moi ça peut durer longtemps. Je ne peux pas forcer ces élans, mais je ne peux pas les contenir vraiment non plus.

Y’a-t-il des morceaux sur Mammoth II qui datent du premier album ?

Je crois que j’ai composé Optimist le même jour que Resolve (nldr : single du premier album). C’est assez drôle d’ailleurs car elles n’ont pas grand-chose en commun. Il m’aura fallu plusieurs années pour comprendre comment utiliser cette chanson et lui donner corps. J’aime beaucoup ma pile de morceaux non utilisés, je vais toujours tout faire pour la vider, peu importe que ça prenne du temps ou non.

Optimist fait partie de vos titres plus agressifs d’ailleurs.

Il fallait que je trouve un certain équilibre pour les paroles, car la structure du morceau est un peu plus spécifique. Il y a une progression, une montée en puissance. C’était assez déstabilisant à l’époque du premier album, j’avais besoin de gagner en confiance peut-être.

Mammoth WVH - Another Celebration at the End of the World (Official Music Video)

Mammoth WVH

Vous expliquez plus tôt avoir gagné en confiance en voyant les réactions du public et de vos pairs lors de vos premières tournées. Vous pensiez en avoir besoin ?

C’est difficile à dire, car j’essaie de ne pas me poser mille questions de manière générale. Je sais qu’en 2023, au-delà de la qualité il faut aussi avoir un peu de chance pour que « ça marche ». Il y a tellement de musique, partout. Je me concentre sur ce que j’aime, c’est-à-dire jouer. Jouer de la musique me rend heureux, je ne le ferais pour rien d’autre au monde. Si ma joie permet à d’autres gens d’être heureux, ce sera la plus cool des récompenses.

Il y a des personnes ou des groupes que vous regardez en exemple ? Qui vous font dire : « j’aimerais que Mammoth WVH en arrive là ? » ?

Dave Grohl avec les Foo Fighters, sans hésitation. Depuis le début, j’essaie de m’inspirer de cet état d’esprit pour faire grandir le groupe et je vais continuer.

Vous étiez présents sur les deux concerts hommage à Taylor Hawkins à Londres et Los Angeles. Vous avez joué avec Dave Grohl, mais aussi avec Justin Hawkins de The Darkness et surtout Josh Freese qui a été intronisé nouveau batteur des Foo Fighters récemment. Vous avez rendu hommage à Taylor en jouant des titres de votre père.

C’était une sacrée image. Et un honneur ! J’insiste. J’étais sur scène avec ces mecs qui ont fait partie de ma vie, de mon éducation musicale. Taylor était un batteur incroyable, une inspiration, tout comme l’est Josh. Jouer pour Taylor, et pour mon père était quelque chose d’unique et j’ai du mal à trouver des mots pour exprimer ce qu’il s’est passé. Permettez-moi de dire Josh Freese va être incroyable avec Foo Fighters, c’est un des meilleurs au monde, ils ont de la chance l’avoir.

Un dernier mot Wolfgang ? Que peut-on vous souhaiter ?

J’aime terriblement ce que je fais aujourd’hui, pouvoir jouer ce que je veux et prendre du bon temps grâce à la musique. C’est vraiment incroyable. J’espère que mon expression artistique continuera à parler aux gens.

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