Le SQ-N150 fait partie d’une catégorie à part dans le domaine de l’audio : les amplificateurs à tubes de faible puissance, pas vraiment universels mais dotés d’un son unique. Le denier héritier de cette lignée chez Luxman possède tout le nécessaire pour constituer un système Hi-Fi complet.


Caractéristiques

Prix : 3 890 €
Puissance : 2x10 watts sous 6 ohms
Tubes : 2x ECC83, 4x EL84
Connectivité : 3x entrées analogiques RCA, 1x entrée phono MM/MC, 1x sortie casque 6,35 mm
Autres : télécommande infrarouge
Dimensions (l x h x p) : 297 x 188 x 251 mm
Poids : 12,4 kg

Luxman a été créée au Japon il y a presque cent ans. Active depuis lors dans le domaine du son, la société s’est fait connaitre, entre autres choses, à travers ses amplificateurs à tubes. Ceux-ci n’ont jamais cessé d’être présents au catalogue. Certains se rappelleront également des lecteurs CD à tubes Luxman des années 80-90.

Le catalogue actuel est très complet avec des amplificateurs à tubes, d’autres à transistors, en bloc de puissance ou en intégré. Il y a également des préamplificateurs, des lecteurs CD, des DAC et des amplis casques. Le choix est large avec un positionnement résolument haut de gamme. Les produits Luxman sont moins accessibles au grand public qu’il y a vingt ou trente ans. Cependant, vous pouvez toucher à l’esprit de la marque à travers ce « petit » SQ-N150 dont voici notre test.

Présentation générale du SQ-N150

L’effet vintage bat son plein avec le SQ-N150. On retrouve tout d’abord les marqueurs des produits Luxman avec ce gris argenté appliqué au châssis comme à l’intégralité des boutons. Ensuite, cette cage de protection des tubes est évidemment le point culminant. On devine les six tubes cachés en dessous qui brilleront de mille feux une fois l’amplificateur en route. Derrière eux se trouvent les transformateurs de sortie ainsi que l’alimentation sous des boîtes hermétiques distinctes.

Le SQ-N150 mesure seulement 29,7 cm de côté, comme une feuille A4, mais il se rattrape en hauteur avec près de 19 cm. C’est un appareil qui se montre, évidemment, mais qui doit de toute façon respirer pour laisser la chaleur des tubes se dissiper. Il trônera donc fièrement sur un meuble, peut-être bien à côté d’une platine vinyle. L’association est logique et ne manquera pas d’allure. On achète aussi des appareils Hi-Fi parce que leur design nous plaît.

Pour parfaire son apparence rétro, le SQ-N150 est équipé de petits vumètres rétroéclairés en jaune orangé, la couleur habituelle chez Luxman. Un petit bouton situé juste à côté permet d’éteindre cet éclairage si besoin. Le potentiomètre de volume prend place sur la droite, accompagné d’une sortie casque et du capteur pour la télécommande infrarouge.

Luxman a installé les commandes principales sur le dessus de l’amplificateur. Un sélecteur en forme de levier d’excellente facture sert à choisir la source entre les quatre disponibles. Remarquez que l’entrée phono est compatible avec les cellules MM et MC, ce qui est différencié au niveau de ce sélecteur. Ensuite, ce sont trois entrées ligne qui la complètent. Toutes ces entrées sont asymétriques sur prises RCA.

La conception interne reprend les principes habituels de la marque en termes d’amplification à tube. Les circuits d’entrée font appel à deux tubes JJ Electronic ECC83 placés devant. Les quatre grands tubes à l’arrière sont ceux de puissance. Luxman a mis en place ici des JJ Electronic EL84. Ces tubes siglés Luxman sont utilisés et reconnus depuis longtemps dans le monde de la Hi-Fi. Il n’y a rien d’extravagant, ce sont des solutions éprouvées.

Utilisation du SQ-N150

On trouve sur le dessus du SQ-N150 trois potentiomètres pour autant de réglages : grave, aigu et balance. Tout cela peut être désactivé via un bouton appelé « line straight » afin que le signal prenne le chemin le plus court. Le SQ-N150 va à l’essentiel. Il n’y a pas de fioritures, on ne risque pas de se perdre dans les fonctionnalités.

Vous aurez également noté qu’il est dépourvu de DAC, et par conséquent d’entrées numériques. Pour profiter de Qobuz, vous devrez lui relier un streameur équipé d’un DAC avec sorties analogiques RCA. Ou bien séparer cela en deux avec un streameur à sorties numériques et un DAC séparé. Côté vinyle, il faudra prévoir une platine avec préamplificateur RIAA intégré ou alors ajouter celui-ci sur le chemin du signal.

Pas 100 % vintage non plus, Luxman a prévu une télécommande infrarouge pour cet amplificateur intégré à tubes. Elle n’a pas de fonction d’allumage et d’extinction car le bouton sur l’appareil est mécanique. Ce qui est obligatoire car il y a une phase de chauffe des tubes pendant laquelle la petite LED positionnée sur le potentiomètre de volume clignote. Le son est coupé durant cette phase de démarrage.

Le sélecteur de source, issu du préamplificateur haut de gamme C-900u de la marque, précisons-le, est mécanique. Finalement, la télécommande donne simplement accès au volume. La touche « mute » sera toujours utile. Tandis que les autres touches présentes sont destinées au contrôle d’un lecteur CD Luxman, tel que le D-07X que nous avions testé il y a tout juste un an. Ou encore le D-N150 reprenant la même esthétique que cet ampli, les tubes en moins. Ces lecteurs ont l’avantage d’embarquer un DAC pour d’autres sources numériques. Enfin, cela va sans dire, il n’y a ni Bluetooth ni application mobile de contrôle pour le SQ-N150.

La puissance annoncée culmine à 2x10 watts. Ce qui semble très faible sur le papier à l’époque de la généralisation de la classe D et de ses très fortes puissances. Les tubes utilisés dans le SQ-N150 et son format compact limitent les possibilités. Cependant, ces 2x10 watts sont suffisants pour des écoutes à volume sonore « normal », dans des pièces de 10 à 25 m2 environ. Évidemment, plus la sensibilité des enceintes sera élevée, meilleur le résultat sera. Des enceintes à haut rendement sont préférables, comme des Klipsch ou des Tannoy, mais le SQ-N150 fonctionnera aussi avec des modèles classiques.

A l’écoute

Nous avons relié nos enceintes Dynaudio habituelles. Sur le papier, elles ne correspondent pas vraiment aux besoins du SQ-N150 à cause de leur faible rendement et de leur impédance descendant à 4 ohms alors que Luxman conseille un minimum de 6 ohms. Si l’on reste dans un usage modéré, aucune crainte à avoir. Nous lui avons relié un streameur avec DAC séparé pour utiliser Qobuz à travers Roon. Nous avons terminé nos écoutes avec différents casques.

Première chose à faire : adapter le niveau de sortie de notre DAC, trop élevé par défaut et qui mettait en avant la distorsion. Une fois tout cela égalisé, la musique a pu prendre sa place. Nous démarrons avec le live En Rêvalité de M. La scène sonore est large sans être trop précise, ce qui donne de la présence et de la chaleur. La voix est bien détachée tandis que le public remplit l’arrière-plan. Le SQ-N150 restitue parfaitement l’effet live, le niveau sonore en moins.

Cet intégré à tubes est à son aise sur des enregistrements plus intimistes tels que les Qobuz Sessions at SXSW avec Yazmin Lacey au micro. Toutes les qualités de ce type d’appareil se retrouvent sur ce type d’enregistrement proche de l’acoustique avec une voix associée à un clavier type Rhodes. Le SQ-N150 aime les messages simples et doux dont il va faire ressortir les moindres nuances et toute la profondeur. On peut alors profiter pleinement de la musique comme si on était présent sur place.

La compilation Jalapeno Funk nous permet de le tester dans un autre registre. Voilà de quoi remuer le SQ-N150, ce qu’il fait avec brio. Malgré sa puissance limitée, il offre une tenue dans le grave étonnante. Ce qui sied parfaitement au funk, à l’électro et à d’autres genres musicaux proches. Il ne descend pas de façon infinie dans l’infragrave, ni dans l’extrême aigu, mais il reproduit les percussions avec force et justesse. C’est tout simplement ce que l’on attend dans la reproduction de la musique.

La reproduction des Danses slaves de Dvorak par l’Orchestre symphonique de Prague lui donne un peu plus de fil à retordre. Il s’en sort bien pour reproduire une scène large, sans aller jusqu’à placer précisément les pupitres. L’ensemble est agréable. Mais dès que la dynamique s’envole, il est à la peine avec des difficultés dans la distinction des instruments. C’est tout de même un appareil plus à son aise avec un trio de jazz qu’avec du metal ou de la house.

Nous avons retrouvé la même signature au casque. Tout comme les enceintes, il est utile de préciser que l’association avec le casque sera critique pour obtenir un résultat qui correspond à vos attentes. Un casque Focal fermé était bien plus adapté qu’un Sivga planaire ouvert. Le SQ-N150 n’est pas un ampli intégré universel, il faudra prendre soin de la composition de votre système autour de lui.

Conclusion

Le Luxman SQ-N150 ne s’adresse clairement pas à tout le monde. Il est loin d’être un amplificateur intégré universel. Toutefois, pour les amoureux du tube ou ceux qui veulent y goûter, c’est un excellent point de départ. Sans aucune complexité ni réglages de précision, il donne accès à une présence qui saura vous charmer. Bien que tout ne soit pas au cordeau, la musicalité est bien là : on baigne dedans, avec des enceintes comme au casque. Et puis c’est un très bel objet conçu pour durer, qui flatte autant l’œil que l’oreille.

Qualité de fabrication Entraînant et chaleureux Esthétique vintage
Associations à parfaire Manque de polyvalence musicale Pas d’entrée numérique à ce tarif