Le chanteur de Fat White Family s’est posé dans un café parisien pour évoquer son rapport à l’écriture, à la poésie mais aussi à la consommation culturelle à l’heure du tout connecté.

Lias Saoudi from Fat White Family navigates poetry, punk, and culture in the digital age for Qobuz

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Dans le paysage punk britannique, Fat White Family dénote. Depuis Champagne Holocaust, leur premier disque signé chez Fat Possum en 2013, le groupe mené par Lias Saoudi et Saul Adamczewski n’a jamais ménagé ses efforts pour dégommer l’Angleterre. Extrême en tout point, enchaînant les shows dantesques et les clips aux images chocs, entre fantasmes et cauchemars, bonne chère et viande crue, latex et littérature, Fat White Family cultive son image crasseuse de famille édentée en plein malaise, vivant pour l’amour de l’art et le dégoût du 9h-17h.

Passée chez Domino pour le précédent Serfs Up!, cette famille d’affreux jojos sort cet avril un quatrième disque charnière, Forgiveness Is Yours, marqué par la déchirure du couple Lias/Saul. Lias Saoudi tient désormais la barre du navire seul, tout en poursuivant sa propre route. A 37 ans, ce fervent admirateur du charismatique leader de The Fall Mark E. Smith avoue toujours à demi-mot vouloir embrasser une carrière d’écrivain.

Tout chez lui paraît dual, entre deux eaux, comme ses envies d’écriture et de composition entre lesquelles il navigue sans cesse, quittant l’une pour l’autre par insatisfaction, manque de patience et de confiance, défaitisme ou lassitude. Entre deux terres aussi. Entre l’Algérie, d’où il tire ses origines berbères, et l’Angleterre qui l’a vu naître, son identité est écartelée, lui donnant le sentiment d’être à moitié plus que plein.

Son tropisme pour la littérature et l’art, celle de Jean Genet ou d’Egon Schiele, qui ont nourri l’esthétique de Fat White Family, ou encore sa désillusion de la société contemporaine, Lias Saoudi nous raconte tout ça dans un café parisien du 17e, Les Quidams, ce qu’il n’aimerait surtout pas devenir.